Avis d’Environnement 92 sur le projet d’aménagement d’une « promenade bleue » entre le pont d’Asnières et le pont de Clichy à Asnières-sur-Seine (92)

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L’association Environnement 92, créée en 1991, fédère 49 associations de protection de l’environnement des Hauts de Seine. Environnement 92 est agréé pour la protection de l’environnement et habilité au dialogue environnemental. Elle est affiliée à France Nature Environnement Île de France. Ce projet qui vise à valoriser ces berges sur une longueur de 800m, en procédant à leur renaturation et leur requalification paysagère, notamment via la réalisation d’une promenade piétonne en partie flottante sur la Seine, est une initiative bienvenue dans la mesure où la promenade existante montre des discontinuités, peu d’espaces végétalisés (sauf à l’aplomb du Parc Robinson) et beaucoup de béton. De ce fait, Le paysage actuel n’est pas très agréable pour les visiteurs et les berges n’offrent pas la biodiversité attendue pour faire du fleuve un lieu aussi attractif pour les humains que pour le reste du monde vivant (faune et flore). Généralement, nous considérons que ce projet répond en grande partie aux exigences de la trame bleue vue par le schéma régional de cohérence écologique d’Île-de-France (SRCE) faisant de la Seine un corridor alluvial “multitrame”. Nous soulignons par ailleurs, la pertinence de l’analyse et les recommandations de la MRAE sur ce dossier. En complément, notre association pointe particulièrement les points suivants :

Renaturation et biodiversité

La Seine et ses berges sont des milieux humides et végétalisés particulièrement favorables à l’épanouissement d’une biodiversité des espèces vivantes (animaux, plantes, champignons, bactéries, etc.). En milieu urbain dense, et c’est le cas à Asnières, les activités humaines sont largement responsables de leur quasi-destruction par l’urbanisation, le développement des infrastructures de transport, la pollution de l’eau, des sols, de l’air et la pollution lumineuse nocturne. De plus, le changement climatique aggrave leurs conditions de vie, notamment avec les canicules répétées, la sécheresse, l’étiage de la Seine et la fréquence des inondations. En conséquence, une attention particulière doit être apportée, à la qualité du sol, à la pleine terre et à la diversité de la végétalisation de la promenade elle-même mais surtout de la végétalisation des berges qui représentent des habitats pour la faune aquatique. La conduite du chantier doit absolument préserver ces lieux et éviter à tout prix la destruction des zones déjà végétalisées et les rejets de déchets.

Les connexions de la promenade à l'environnement

Le traitement des liaisons transversales entre la promenade et le centre-ville, doit ouvrir la ville vers le fleuve, comme le recommande la MRAE. Les liaisons à considérer pourraient être les suivantes

  • A l’amont et à l’aval sur les berges de Seine :

– côté Est sous le Pont de Clichy pour rejoindre Port Van Gogh de l’autre côté du pont

– côté Ouest sous le Pont d’Asnières vers Courbevoie (dans ce lieu les berges ne sont pas aménagées)

  • Vers le nord vers le centre-ville d’Asnières. C’est un objectif affiché dans le projet, mais les solutions pour obtenir cette liaison ne sont pas exposées. La présence de la RD7 très roulante créé une véritable barrière physique et psychologique qui coupe le centre-ville de la Seine. Un projet de passerelle pour piétons et vélos est à l’étude et serait tout à fait pertinent pour les habitants avec une ouverture vers le fleuve. La perspective de faire de cette passerelle une continuité écologique qui permettrait d’offrir aussi un espace de déplacement pour la faune, est en fait conditionné à la création d’un espace vert dans partie très urbanisée de la ville, au-delà de la RD7, perspective encore utopique aujourd’hui.

En conclusion, Environnement 92 émet un avis favorable à ce projet de promenade mais avec les réserves exprimées ci-dessus. Enfin, Nous recommandons son intégration dans le contexte départemental et régional.

 

Le 7 février 2022

Irène Nenner, présidente d’Environnement 92, Officier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur

 

Eviter la pollution lumineuse

Les végétaux ont besoin de lumière pour la réalisation de la photosynthèse, mais ils doivent également bénéficier de périodes d’absence de lumière pour l’arrêt de la photosynthèse et ainsi finaliser leurs cycles de réactions chimiques. Quel que soit l’écosystème étudié, les connaissances scientifiques montrent de façon convergente une augmentation de la mortalité et un appauvrissement de la diversité végétale dans les milieux éclairés la nuit. Par exemple, certaines plantes ont la particularité de fleurir la nuit. La lumière nocturne impacte les fleuraisons et les pollinisations par des insectes également nocturnes. En conséquence, nous recommandons pour l’éclairage de la promenade, de :

  • Réduire le halo lumineux nocturne et la suppression des émissions lumineuses vers le haut pour libérer les échanges entre les espaces de biodiversité
  • La présence de la faune et leurs déplacements pourraient être facilités par la mise en place de trame noire (suppression des sources lumineuses sur certains linéaires et secteurs).
  • Envisager l’extinction de l’éclairage public entre minuit et 5h, ce qui permettrait une réduction de près de 41% des factures d’électricité